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Cannabis et nausées : ce qu’il faut savoir
Les nausées ne sont pas une maladie à proprement parler, plutôt des symptômes de plusieurs troubles, il peut s’agir de nausées matinales, être dues à des infections ou à des effets secondaires de certains traitements. Les chercheurs étudient le système endocannabinoïde (un réseau interne) pour son rôle majeur supposé dans la régulation des nausées.
Les nausées peuvent frapper pour plusieurs raisons qu’elles soient dues à une infection ou qu’elles soient matinales durant la grossesse. Malgré les nombreuses causes de nausées, elles se manifestent toujours de la même manière : une sensation de gêne dans l’estomac qui vient souvent signaler un vomissement imminent. Il est intéressant de noter que les médicaments à base de cannabis sont approuvés pour le traitement de la nausée dans des scénarios très spécifiques et que le système endocannabinoïde lui-même semble être une cible thérapeutique prometteuse. Fumer de la weed peut-il aider contre la nausée ? Vous allez bientôt le découvrir !
Sommaire:
Qu’est-ce que la nausée?
La nausée. On s’est tous déjà senti mal et patraque au moins une fois dans nos vies. Que ce soit après une soirée trop arrosée ou lors d’un voyage en bateau sur une mer houleuse, vous avez probablement déjà ressenti des nausées s’installer. Mais que sont exactement les nausées ?
Les nausées et vomissements sont souvent considérés comme des synonymes, mais bien qu’ils aient des points communs, ils sont différents. Les deux sont signe d’infection ou autres maladies. Alors que les vomissements impliquent le réflexe incontrôlable d’expulser le contenu de l’estomac par la bouche, les nausées impliquent une sensation de malaise dans l’estomac, souvent accompagnée de l’envie de vomir. Cependant, la sensation de nausée n’implique pas toujours des vomissements.
Il est possible de se sentir nauséeux pour différentes raisons. Parmi les plus communes, on retrouve :
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Les nausées ont dans certains cas un rôle protecteur, c’est le cas lors d’une consommation d’aliments contaminés par des bactéries nocives. Cependant, elles surviennent aussi dans des moments où elles ne semblent pas nécessaires, comme lorsqu’on se sent anxieux ou que l’on est passager d’une voiture sur une route cahoteuse. Alors, d’où vient la sensation de nausée ?
Pourquoi les nausées surviennent ?
Nos corps forment un ensemble de cellules formidable. Ils comprennent tout un éventail de réactions automatiques destinées à assurer notre sécurité. Posez accidentellement la main sur une surface trop chaude et votre corps l’en retirera avant même que vous n’ayez le temps de vous rendre compte de la douleur. Entre dans une pièce trop poussiéreuse et votre corps éternuera pour expulser toutes ces particules sans demander le moindre effort de conscientisation. Les sensations de nausées, de mal de cœur et finalement de vomissement, font partie de cette catégorie de réactions protectrices. Cependant, les gens ont rarement des problèmes d’éternuements ou de spasmes musculaires excessifs (hors certaines maladies). Les nausées, quant à elles, surviennent souvent de manière aléatoire et accompagnent aussi tout un éventail d’autres maladies.
Le signal qui provoque des nausées provient de plusieurs zones du cerveau[1]. Par exemple, l’aire postrema détecte certaines substances vomitives dans le sang, tandis que les régions cérébelleuses et vestibulaires détectent les signaux induits par le mouvement qui entraînent des sensations de nausée. Ces régions envoient des signaux au noyau tractus solitarius, qui induit alors une augmentation du taux de vasopressine (une hormone qui provoque la nausée) et une réponse du système nerveux autonome. Les signaux afférents provenant du tube digestif, via le nerf vague, atteignent également le noyau tractus solitarius. Ces facteurs entraînent des dysrythmies gastriques et des nausées subséquentes.
Endocannabinoïdes dans l’intestin
Chez Royal Queen Seeds, nous parlons souvent du Système endocannabinoïde (SEC). Pourquoi ? Parce que ce réseau de molécules de signalement, de récepteurs et d’enzymes est présent dans tout le corps et est en partie à la base de la manière dont le cannabis affecte le corps. Le SEC consiste en deux récepteurs principaux (CB1 et CB2), plusieurs molécules de signalisation et des enzymes anaboliques et cataboliques. Mais ça ne s’arrête pas là, le SEC étendu, ou endocannabinoïdome (eCBome) consistent en de nombreux composants et offre aussi des fonctions régulatrices.
Au sein de ce système, des molécules de signalisation appelées endocannabinoïdes sont responsables de l’interaction avec les récepteurs afin de modifier les activités dans les cellules et finalement maintenir l’homéostasie (équilibre biologique). Ces substances chimiques sont présentes presque partout dans le corps, y compris dans deux zones anatomiques largement impliquées dans les nausées : l’intestin et le cerveau. Les deux principaux endocannabinoïdes qui participent à cette régulation sont l’anandamide (également connue sous le nom de « molécule de la béatitude ») et le 2-AG.
Au sein de l’intestin, ces molécules ont pour objectif de remplir plusieurs fonctions clés[2], y compris :
Régulation des nausées et des vomissements
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Régulation de la sensation viscérale | Contrôle de l’inflammation intestinale | ||||
Régulation de la motilité gastro-intestinale | Inhibition de la sécrétion d’acide gastrique | Amélioration de l’absorption des aliments |
Régulation des nausées et des vomissements | Régulation de la sensation viscérale |
Contrôle de l’inflammation intestinale | Régulation de la motilité gastro-intestinale |
Inhibition de la sécrétion d’acide gastrique | Amélioration de l’absorption des aliments |
Le SEC joue aussi rôle important de régulateur de l’axe intestin-cerveau[3], une forme de communication bidirectionnelle entre le cerveau et le système nerveux périphérique de l’intestin. Cette voie relie les régions du cerveau responsables des émotions et de la cognition aux fonctions périphériques de l’intestin. Ainsi, un large éventail de facteurs (visuels, auditifs et olfactifs) peuvent stimuler les nausées.
Les cannabinoïdes du cannabis (phytocannabinoïdes) sont capables d’interagir avec le système endocannabinoïde de la même manière que les endocannabinoïdes, car ils ont une structure moléculaire similaire. Les endocannabinoïdes jouant un rôle dans la régulation des nausées, l’action sur les mêmes sites récepteurs par le biais des phytocannabinoïdes, lorsqu’elle est appliquée dans un cadre clinique, pourrait potentiellement avoir des résultats similaires.
Le cannabis provoque-t-il des nausées ?
Avant de nous plonger dans la recherche sur la possibilité que le cannabis aide à lutter contre les nausées, nous allons examiner les cas où des substances de cette plante peuvent provoquer des nausées. Alors que certains chercheurs explorent les propriétés antiémétiques de certains composés du cannabis, d’autres découvrent comment certains d’entre eux nous rendent nauséeux.
De nombreuses personnes qui consomment fréquemment du cannabis connaissent un jour ou l’autre le « malaise cannabique ». Le malaise cannabique désigne le fait de consommer trop de cannabis et de ressentir des nausées, des vomissements, de la panique et de l’anxiété en conséquence. Il englobe des sensations inconfortables, mais n’équivaut pas à une overdose. Lorsque nous inhalons du THC, cette molécule se lie aux récepteurs CB1 du système nerveux central, ce qui entraîne une augmentation aiguë de la dopamine et l’effet caractéristique du cannabis. Cependant, une surstimulation de ce site entraîne des nausées et même des vomissements chez certains usagers.
Syndrome d’hyperémèse cannabinoïde ?
Le Syndrome d’hyperémèse cannabinoïde (SHC), bien que rare, peut survenir chez les consommateurs de cannabis chronique et présente un ensemble de symptômes bien plus sérieux que le simple malaise cannabique. Après avoir consommé du cannabis riche en THC, les personnes qui souffrent de ce syndrome connaissent des cycles de nausées et vomissements sur plusieurs semaines et cela peut aller jusqu’à mener à une hospitalisation.
Les symptômes du SHC varient en fonction de la phase de l’affection, mais comprennent des nausées matinales, des nausées continues, des épisodes répétés de vomissements, des douleurs abdominales, une déshydratation, ainsi qu’une réduction de l’apport alimentaire et une perte de poids. Étrangement, les patients prennent souvent des bains compulsifs, car beaucoup d’entre eux trouvent que les bains ou les douches chaudes les aident à soulager leurs symptômes.
Mais pourquoi le SHC se manifeste-t-il ? Plusieurs facteurs sont susceptibles d’être à l’origine de ce syndrome, notamment la régulation négative des récepteurs CB1 après une consommation prolongée de cannabis, les mutations du site récepteur TRPV1 de l’eCBome, la déficience d’une enzyme hépatique (CYP2C9) qui décompose le THC et les problèmes de signalisation de la dopamine.
La weed prévient-elle des nausées ?
Le malaise cannabique et le SHC mis de côté, le cannabis peut-il aider à soulager des nausées ? Les études restent précoces et peu concluantes, mais les résultats semblent prometteurs.
Il convient de noter que la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a approuvé le dronabinol et le nabilone (deux versions synthétiques du THC) pour le traitement des nausées et des vomissements induits par la chimiothérapie, comme une forme de thérapie antiémétique[4] cannabinoïde. Le mécanisme d’action exact reste inconnu, mais l’activation des récepteurs CB1 et 5-HT3 joue probablement un rôle majeur.
De nombreux autres composés[5] du cannabis se montrent aussi prometteurs en ce qui concerne la nausée, c’est le cas du THCA et du CBDV.
De plus, tandis que les nausées ont de nombreuses causes, le ton endocannabinoïde (la quantité d’endocannabinoïdes circulant dans le corps) pourrait jouer un rôle. Par exemple, une étude[6] qui a exposé des participants à des manœuvres de vol paraboliques pour provoquer le mal des transports a révélé que les participants les plus affectés avaient des niveaux circulants plus faibles de 2-AG. Cet endocannabinoïde cible à la fois les récepteurs CB1 et CB2. Les phytocannabinoïdes tels que le THC et le caryophyllène ciblent également ce site.
En outre, le CBD parvient à inhiber l’enzyme amide hydrolase des acides gras (FAAH), qui décompose l’anandamide et dans une moindre mesure, le 2-AG.
CBD et prévention de la nausée
Le cannabidiol (CBD) a gagné en prévalence ces dernières années en raison de son statut de cannabinoïde non-psychotrope. Mais cette molécule peut-elle offrir le moindre soulagement contre les nausées ? Une fois encore, la recherche dans ce domaine reste précoce et limitée.
Une recherche[7] menée sur des animaux conduite en 2011 a découvert que le CBD pourrait contribuer à atténuer les nausées en agissant sur les récepteurs de la sérotonine. Un petit essai sur l’humain, mené en 2016, a administré du Sativex (une combinaison de THC et de CBD) à des patients souffrant de nausées dues à une chimiothérapie. Malgré des résultats intéressants, le médicament n’est toujours pas approuvé par la FDA. En plus de se lier à une série de récepteurs de l’eCBome, le CBD s’avère prometteur pour augmenter les niveaux d’endocannabinoïdes (molécules capables de combattre les nausées) en réduisant la vitesse à laquelle ils sont dégradés par les enzymes cataboliques du SEC.
La relation complexe entre le cannabis et les nausées
Est-ce que fumer de la weed peut aider contre les nausées ? Quelles sont les meilleures variétés contre les nausées ? Il n’existe pour l’instant pas réponses conclusives. Cependant, les recherches sur les nausées et le cannabis médical sont plus nombreuses que pour son usage dans le cadre d’autres pathologies, c’est ce qui a ouvert la voie vers l’approbation de médicaments à base de cannabis pour le traitement des nausées et vomissements provoqués par la chimiothérapie.
Dans un avenir proche, nous devrions voir apparaître d’autres essais sur l’humain qui mettent d’autres cannabinoïdes à l’épreuve dans ce contexte. La science derrière le SEC et l’eCBome dans la régulation des nausées continuera également à se développer, renforçant la nécessité d’approuver le cannabis contre différentes formes de nausées.
- Nausea: a review of pathophysiology and therapeutics - PMC https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- Regulation of nausea and vomiting by cannabinoids and the endocannabinoid system - PMC https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- The role of the endocannabinoid system in the brain-gut axis - PMC https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- Cannaboinoid Antiemetic Therapy - StatPearls - NCBI Bookshelf https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- Cannabis Pharmacology: The Usual Suspects and a Few Promising Leads - PubMed https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
- Motion Sickness, Stress and the Endocannabinoid System | PLOS ONE https://journals.plos.org
- Regulation of nausea and vomiting by cannabinoids - PMC https://www.ncbi.nlm.nih.gov