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Cannabis et SPM : l'herbe pourrait-elle aider ?
Le syndrome prémenstruel (SPM) survient une fois par mois chez les femmes en âge de procréer. Les symptômes sont de sévérité variable : anxiété, troubles de l'humeur, crampes douloureuses et bien plus. Même s'il existe des traitements conventionnels, certaines se tournent vers le cannabis. L'herbe serait-elle utile pour les symptômes du SPM ?
Sommaire:
- Qu'est-ce que le syndrome prémenstruel (spm) ?
- La relation entre le cannabis et le spm
- Le cannabis et les symptômes du spm : ce que dit la recherche
- Comment le cbd affecte le spm ?
- Comment consommer du cannabis pour le spm
- Quels sont les risques du cannabis et du spm ?
- Le futur du cannabis pour le spm
Le cannabis est souvent considéré comme une panacée. Alors que beaucoup de personnes en consomment pour de nombreuses raisons différentes, en vérité, tout cela manque de recherches sérieuses. Et pourtant, de nombreuses femmes choisissent de consommer de l'herbe dans l'espoir de soulager la survenue mensuelle du syndrome prémenstruel (SPM). Venez en savoir plus sur le SPM et découvrez si le cannabis pourrait aider à cibler certains des nombreux symptômes.
Qu'est-ce que le syndrome prémenstruel (SPM) ?
Les femmes qui nous lisent seront un peu plus familières des manifestations du SPM. Cet éventail de symptômes revient tous les mois, à un moment entre l'ovulation et le début des règles et prend généralement fin au début des règles ou dans les jours qui suivent. Les symptômes du SPM varient d'une femme à l'autre pour ce qui est de la gravité. Alors que certains les remarquent à peine, environ 30 % des femmes[1] en âge de procréer les ressentent de manière modérée et environ 20 % les ressentent à un degré tel qu'ils perturbent leur vie quotidienne.
Les symptômes du SPM sont à la fois physiques et psychologiques. Parmi les symptômes principaux, on retrouve :
Anxiété | Irritabilité | Changements d'appétit | Mauvaise humeur et pleurs |
Sautes d'humeur rapides | Baisse de libido | Problèmes de concentration | Douleurs abdominales |
Crampes | Diarrhée et constipation | Maux de tête | Douleurs musculaires |
Anxiété | Irritabilité |
Changements d'appétit | Mauvaise humeur et pleurs |
Sautes d'humeur rapides | Baisse de libido |
Problèmes de concentration | Douleurs abdominales |
Crampes | Diarrhée et constipation |
Maux de tête | Douleurs musculaires |
Comme vous pouvez le voir, les symptômes du SPM sont divers, nombreux et ciblent simultanément le corps et l'esprit. Mais quelle est leur cause ? Des chercheurs essaient toujours de déterminer la cause sous-jacente exacte du SPM et de plus pourquoi certaines femmes sont bien plus affectées que d'autres. Jusqu'ici, les scientifiques soulignent plusieurs facteurs, dont :
- Changements hormonaux : la baisse rapide des hormones lors de la phase lutéale (l'étape qui suit l'ovulation) entraîne probablement des symptômes psychologiques comme l'anxiété et les changements d'humeur.
- Changements neurochimiques : les changements hormonaux entraînent également une modification des éléments neurochimiques. Des chercheurs pensent que les niveaux plus faibles de dopamine et de sérotonine pendant cette phase déclenchent des problèmes d'humeur et de sommeil.
- Troubles préexistants : les femmes ayant des antécédents familiaux de troubles de santé mentale ont plus de risques de ressentir des symptômes sévères du SPM. Parmi ces troubles, on retrouve la dépression, les troubles bipolaires et la dépression post-partum.
- Choix de mode de vie : certains choix de mode de vie, comme le tabagisme, une forte consommation de sucre et un manque d'activité physique sont également liés à un risque accru de symptômes du SPM plus graves.
Le SPM et la TPM sont-ils identiques ?
Parfois, les symptômes ressentis au cours des deux semaines précédant les règles sont décrits comme étant une tension prémenstruelle (TPM). En effet, ces changements physiques et psychologiques sont identiques à ceux du SPM. Les deux termes sont synonymes et font référence exactement à la même chose.
La relation entre le cannabis et le SPM
Il existe toute une variété de traitements conventionnels disponible pour la gestion du SPM, dont des médicaments hormonaux, des thérapies par le dialogue, des antidépresseurs et des compléments alimentaires. Des changements de mode de vie, comme le fait d'avoir une activité physique régulière et un sommeil adéquat, sont également recommandés. Cependant, de nombreuses femmes se tournent vers le cannabis pour la gestion de leurs symptômes, en particulier celles qui ont un accès légal et sécurisé à l'herbe.
Par exemple, une enquête[2] menée en 2015 à l'Université de Colombie-Britannique au Canada a demandé à un groupe de 192 femmes si elles avaient déjà consommé du cannabis pour soulager les douleurs menstruelles. Au total, 85 % du groupe a déclaré avoir essayé l'herbe dans ce but, dont 90 % avec un effet subjectif bénéfique. La plupart de ces femmes consommaient du cannabis en le fumant ou en ingérant des comestibles au cannabis.
De manière intéressante, la relation entre le cannabis et le SPM ne date pas de l'ère moderne. Différentes cultures utilisaient le cannabis[3] afin de favoriser les menstruation naturelles et des témoignages historiques rapportent même que la Reine Victoria consommait une teinture de cannabis[4] pour gérer ses propres symptômes du syndrome prémenstruel.
Désormais, de plus en plus de femmes posent la question suivante : « l'herbe aide-t-elle contre les crampes menstruelles ? ». Une utilisation traditionnelle et des témoignages historiques sont une chose, mais il vaut souvent mieux guider nos décisions de santé par des preuves scientifiques basées sur des essais contrôlés sur l'homme. Ces études bien conçues testent les produits naturels et nous donnent la meilleure indication de leur éventuelle efficacité dans le monde réel. Cependant, l'archaïque controverse entourant le cannabis a sérieusement ralenti la recherche dans ce domaine.
Le rôle du SEC
Pour comprendre si le cannabis a ou non un impact pertinent sur les symptômes du SPM, il faut d'abord avoir une compréhension basique du système endocannabinoïde (SEC). Connu pour être le régulateur universel du corps humain, ce système contrôle l'homéostasie (équilibre biologique) et aide à moduler le déclenchement des neurotransmetteurs, le remodelage osseux, l'appétit, l'humeur et la mémoire.
Composé de différents récepteurs, molécule de signalisation et enzymes, le SEC est présent dans le corps entier. Les composants actifs du cannabis, dont le THC, exercent principalement leur effet en interagissant avec ces récepteurs ou en modifiant l'activité enzymatique.
Bien entendu, la nature pratiquement omniprésente du SEC signifie que ses composantes sont également présentes dans le système reproducteur féminin[5] – le site de plusieurs symptômes du SPM. Là, le SEC exerce une forte influence sur la fertilité, la reproduction et les fonctions endocrines.
Alors, le SEC constitue-t-il une cible avantageuse via laquelle le cannabis pourrait toucher des symptômes du SPM ? Regardons d'un peu plus près.
Le cannabis et les symptômes du SPM : ce que dit la recherche
Plusieurs enquêtes publiées et de très nombreux rapports anecdotiques aident à suggérer un croquis des effets que le cannabis pourrait avoir sur les symptômes du SPM – mais l'image reste floue. Aucune étude humaine n'a testé le cannabis et ses riches composants phytochimiques contre les symptômes du SPM de manière spécifique, du moins pas encore.
À l'heure actuelle, il faut utiliser au mieux ce à quoi nous avons accès. Différentes études précliniques ont mis en situation des cannabinoïdes et d'autres composantes contre des modèles de la douleur, de l'inflammation, de l'humeur et des maux de tête. Les résultats de ces recherches nous donnent une meilleure indication de la manière dont les cannabinoïdes pourraient se comporter dans les futures études spécifiques sur l'homme. Regardons-en quelques-unes.
Crampes menstruelles
Bien que physiologiquement utiles, les crampes menstruelles sont douloureuses. Pendant les règles, les muscles de l'utérus se contractent afin d'aider à expulser l'endomètre (la paroi de l'utérus). Cependant, ces contractions ou crampes sont souvent suffisamment fortes pour compresser les vaisseaux sanguins proches, ce qui coupe temporairement l'accès à l'oxygène des tissus affectés, entraînant ainsi des douleurs.
Différentes composantes du SEC sont présentes dans le système nerveux[6] et les voies de signalisation de la douleur, comme le récepteur cannabinoïde 1 (CB1), le récepteur cannabinoïde 2 (CB2) et le récepteur à capsaïcine (TRPV1). Différents cannabinoïdes sont connus pour se lier à ces sites[7] et modifier leur activité, modifiant ainsi potentiellement la perception de la douleur.
De plus, une revue narrative publiée dans le Journal of the International Association for the Study of Pain a évalué les études précliniques disponibles[8] sur le sujet des cannabinoïdes, du système endocannabinoïde et de la douleur. Les auteurs de la revue ont conclu que les modèles animaux dans lesquels les cannabinoïdes et les modulateurs du SEC étaient utilisés semblaient considérablement prometteurs pour le développement de médicaments analgésiques. Ils déclarent cependant aussi que le développement de ces composés en des médicaments cliniquement utiles représente un défi significatif.
Sautes d'humeur
Le SEC joue un rôle significatif dans le déclenchement des neurotransmetteurs. Au contraire de nombreuses molécules du cerveau, les endocannabinoïdes sont souvent envoyés en arrière à travers la fente synaptique, ce qui donne aux neurones la capacité de les utiliser pour diriger des signaux entrant de molécules comme le GABA (le principal neurotransmetteur inhibiteur) et le glutamate (le principal neurotransmetteur excitant).
Tout comme les endocannabinoïde, les « phytocannabinoïdes » issus des plantes sont capables d'influencer la chimie du cerveau en se liant à ces sites récepteurs du SEC, parmi d'autres. Par exemple, après s'être lié au récepteur CB1, il semble que le THC provoque un afflux aigu de dopamine – un neurotransmetteur impliqué dans le plaisir et la récompense.
D'autres composantes du cannabis, en-dehors de la classe des cannabinoïdes, pourraient également impacter l'humeur. Des études en cours explorent le β-pinène (un terpène qui confère une rafraîchissante odeur de pin à certains cultivars) et le linalol (un terpène rappelant l'agrume) pour leur potentiel antidépresseur[9].
Maux de tête
Les maux de tête sont un symptôme particulièrement sévère du SPM qui peut impacter la vie quotidienne. Fumer un joint ou manger un comestible pourrait-il vraiment réduire le désagrément ? Il n'y a pas de certitudes, mais des recherches préliminaires suggèrent que le SEC joue un rôle dans certains types de maux de tête. De faibles niveaux de l'endocannabinoïde anandamide[10] sont probablement responsables.
Des recherches préliminaires suggèrent également que l'utilisation de phytocannabinoïdes pour moduler le SEC pourrait réduire la gravité des maux de tête. Une étude[11] publiée dans The Journal of Pain a récolté des données d'une appli sur le sujet du cannabis médical afin d'analyser des notes auto-rapportées par les patients après avoir consommé de l'herbe. Les évaluations pour les maux de tête et la migraine ont chuté d'environ 50 % chez de nombreux patients consommant du cannabis. Cependant, les hommes ont rapporté une réduction des maux de tête plus important que les femmes.
Comment le CBD affecte le SPM ?
Qu'en est-il du CBD ? Ce cannabinoïde a récemment connu une forte popularité, en partie parce qu'il ne provoque pas d'effet enivrant. Au contraire du THC, le CBD ne se lie pas fortement aux récepteurs CB1 ou CB2. Cependant, le cannabinoïde interrompt bien l'activité enzymatique de SEC et des recherches préliminaires suggèrent qu'il pourrait augmenter les niveaux d'anandamide[12] (de faibles niveaux en circulation de l'endocannabinoïde sont impliqués dans les migraines).
Le CBD se lie également aux récepteurs à sérotonine dans le cerveau et module la transmission sérotoninergique[13]. La sérotonine agit elle-même comme un stabilisateur de l'humeur et de faibles niveaux peuvent impacter négativement l'humeur et le comportement. Des études animales en cours suggèrent que le CBD pourrait exercer des effets bénéfiques à travers ce mécanisme.
Actuellement, le CBD seul n'est pas approuvé comme traitement pharmaceutique contre la douleur. Cependant, ce cannabinoïde représente un élément clé dans le médicament à base de cannabis qu'est Sativex (nabiximols), qui contient un ratio 1:1 de CBD et de THC. Jusqu'ici, cette formule a été utilisée dans des recherches consacrées au traitement de la douleur neuropathique chronique[14]. Plus de recherches sont nécessaires pour déterminer si elle impacte la douleur générée par les spasmes et les crampes.
Comment consommer du cannabis pour le SPM
Comme c'est une plante polyvalente, il existe de nombreuses manières différentes de consommer du cannabis, dont les plus courantes sont présentées ici.
Inhalation | Fumer et vaporiser offre une montée rapide des effets et permet au consommateur d'expérimenter avec différentes matières, comme les fleurs brutes, les cires et les huiles. Cependant, ces deux méthodes présentent des degrés différents de risques respiratoires. |
Voie orale | Ce type de cannabis prend de nombreuses formes, des aliments infusés aux boissons et capsules en passant par les huiles comestibles. Le cannabis par voie orale met plus longtemps à faire effet mais offre des effets de plus longue durée. Les inconvénients potentiels de ces produits sont un puissant effet psychoactif quand ce sont des comestibles infusés au THC qui sont consommés et une faible biodisponibilité. |
Application locale | Parmi les préparations au cannabis conçues pour cibler la peau, on retrouve les baumes, lotions, patchs, crèmes et onguents. Alors que la plupart de ces produits n'ont qu'un effet local sur la peau, les patchs transdermiques réussissent à transférer les cannabinoïdes dans la circulation systémique. |
Voie sublinguale | Administrer des gouttes d'huile de cannabis sous la langue permet aux cannabinoïdes de se diffuser rapidement dans la circulation sanguine. Cette méthode offre une montée rapide et une biodisponibilité améliorée par rapport aux comestibles, tout en éliminant les risques respiratoires liés à la fumée et à la vaporisation. |
Inhalation | Fumer et vaporiser offre une montée rapide des effets et permet au consommateur d'expérimenter avec différentes matières, comme les fleurs brutes, les cires et les huiles. Cependant, ces deux méthodes présentent des degrés différents de risques respiratoires. |
Voie orale | Ce type de cannabis prend de nombreuses formes, des aliments infusés aux boissons et capsules en passant par les huiles comestibles. Le cannabis par voie orale met plus longtemps à faire effet mais offre des effets de plus longue durée. Les inconvénients potentiels de ces produits sont un puissant effet psychoactif quand ce sont des comestibles infusés au THC qui sont consommés et une faible biodisponibilité. |
Application locale | Parmi les préparations au cannabis conçues pour cibler la peau, on retrouve les baumes, lotions, patchs, crèmes et onguents. Alors que la plupart de ces produits n'ont qu'un effet local sur la peau, les patchs transdermiques réussissent à transférer les cannabinoïdes dans la circulation systémique. |
Voie sublinguale | Administrer des gouttes d'huile de cannabis sous la langue permet aux cannabinoïdes de se diffuser rapidement dans la circulation sanguine. Cette méthode offre une montée rapide et une biodisponibilité améliorée par rapport aux comestibles, tout en éliminant les risques respiratoires liés à la fumée et à la vaporisation. |
Quels sont les risques du cannabis et du SPM ?
Comme la relation entre le cannabis et le SPM reste peu claire, les risques associés sont principalement inconnus. Cependant, les femmes qui cherchent à consommer du cannabis pour leurs troubles devraient consulter un professionnel de santé. La recherche montre que le cannabis peut altérer les hormones reproductives féminines[15], ce qui peut réduire les chances de conception. De plus, des symptômes psychologiques plus sévères du SPM sont aggravés par des problèmes de santé mentale chez certaines femmes et le cannabis augmente les risques de problèmes de santé mentale[16] chez certaines personnes.
Le futur du cannabis pour le SPM
Il est trop tôt pour dire si le cannabis peut aider à apaiser les symptômes du SPM. Cependant, le SEC joue un rôle important dans le fonctionnement du système reproducteur féminin et les phytocannabinoïdes représentent un moyen de moduler ce système. Des recherches préliminaires montrent également que des cannabinoïdes tels que le THC et le CBD pourraient aider à cibler certaines des sensations et processus associés aux symptômes du SPM, mais des études humaines à grande échelle sont nécessaires pour confirmer ces découvertes. Alors que les recherches sur le cannabis continuent à s'accumuler, nous allons probablement voir des études de haute qualité déterminant les effets du cannabis sur le SPM tôt ou tard.
- Premenstrual Syndrome https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- Using marijuana to cope with the pain and other symptoms of medical abortions and menstrual periods https://www.contraceptionjournal.org
- Traditional uses of Cannabis: An analysis of the CANNUSE database https://www.sciencedirect.com
- EDITORIAL https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- The role of the endocannabinoid system in female reproductive tissues https://ovarianresearch.biomedcentral.com
- The role of the endocannabinoid system in pain https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
- Endocannabinoid System Components: Overview and Tissue Distribution https://link.springer.com
- Cannabinoids, the endocannabinoid system, and pain: a review of preclinical studies https://journals.lww.com
- The “Entourage Effect”: Terpenes Coupled with Cannabinoids for the Treatment of Mood Disorders and Anxiety Disorders https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- Endocannabinoid System and Migraine Pain: An Update https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- Short- and Long-Term Effects of Cannabis on Headache and Migraine https://www.jpain.org
- Cannabidiol enhances anandamide signaling and alleviates psychotic symptoms of schizophrenia https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- Cannabidiol modulates serotonergic transmission and reverses both allodynia and anxiety-like behavior in a model of neuropathic pain https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- A Review of Scientific Evidence for THC:CBD Oromucosal Spray (Nabiximols) in the Management of Chronic Pain https://www.ncbi.nlm.nih.gov
- NIH study suggests using cannabis while trying to conceive may reduce pregnancy chances https://www.nih.gov
- Cannabis users at 'much higher' risk of developing poor mental health https://www.birmingham.ac.uk