Les pesticides sur le cannabis sont-ils dangereux ?

De nombreux cultivateurs, de cannabis et d’autres plantes, aimeraient cultiver sans utiliser de pesticides. Les pesticides sur et dans l’herbe ont été liés à plusieurs troubles de santé, mais aucune de ces affirmations n’a été prouvée. Quoi qu’il en soit, les pesticides peuvent indéniablement impacter l’environnement plus large de manière négative. Dans cet article, nous nous penchons sur les pesticides, leurs risques et plusieurs alternatives que vous pouvez utiliser pour éviter que les nuisibles ne viennent dévaster votre culture de cannabis.

Qu’est-ce qu’un pesticide ?

« Pesticide » est un terme très large qui englobe un éventail de substances potentielles et qui mérite donc plus d’explications. Au final, pesticide est le nom donné à toute substance pouvant tuer les « nuisibles », les nuisibles étant le nom péjoratif donné à tout organisme qui empêche d’avoir une récolte réussie.

Les nuisibles ont de nos jours mauvaise réputation : ils endommagent la qualité du sol superficiel, ils déciment les populations d’insectes sauvages ou contaminent les fruits, les légumes et le cannabis – beaucoup expriment le désir de vivre dans un monde sans pesticides. Mais qu’est-ce exactement qu’un pesticide ?

Les différents types de pesticides

Un pesticide peut être n’importe quoi, d’un composé synthétique très toxique qui tue tout ce qu’il touche, jusqu’à un composé naturel et apparemment inoffensif tel que les propres terpènes du cannabis. Tout ce qui tue les prédateurs est un pesticide. On peut les classer selon les catégories suivantes :

• Herbicide : pour tuer la croissance végétale indésirable
• Insecticide : pour tuer les insectes
• Fongicide : pour tuer les champignons comme l’oïdium
• Raticides : pour tuer les rongeurs comme les rats

Mais les choses vont beaucoup plus loin.

Comme nous l’avons évoqué, les pesticides peuvent être synthétiques ou biologiques. Même si cela dépend du pesticide en particulier, le fait qu’il soit biologique ne le rend pas nécessairement moins nocif.

Parmi les pesticides les plus connus et les plus dangereux, on retrouve le DDT ou dichlorodiphényltrichloroéthane. Désormais interdit, le DDT a été utilisé généreusement pendant des décennies pour contrôler les insectes sur les cultures. Devenu populaire au milieu du XXème siècle, il est rapidement devenu controversé pour son impact environnemental évident et de potentiels liens avec le cancer. L’agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) a interdit le DDT en 1972.

À l'autre extrémité du spectre, on retrouve l’huile de margousier. Cette huile est pressée à partir des graines du margousier, un arbre originaire du sous-continent indien. L’huile de margousier est connue pour être efficace pour tuer un éventail d’insectes nuisibles, tout en semblant ne pas tuer certains insectes bénéfiques comme les papillons. De plus, elle semble ne faire que peu ou pas de dégâts sur l’environnement plus large, pas plus que sur les oiseaux et mammifères proches et autres formes de vie. Elle peut néanmoins être toujours dangereuse. Si elle est ingérée à des concentrations élevées, elle peut être toxique et potentiellement même fatale pour l’homme.

Ces deux exemples illustrent l’étendue du mot pesticide, ce qui démontre bien toute la difficulté qu’il y a pour faire des affirmations générales à propos de ces substances.

Quels sont les dangers des pesticides pour l’homme ?

Les pesticides tuent – c’est bien la raison pour laquelle ils sont utiles. On peut donc logiquement penser que, dans des concentrations suffisamment élevées, tous les pesticides posent un risque à la santé humaine. Ceci étant dit, certains sont bien moins dangereux que d’autres. Ici aussi, l’huile de margousier par exemple semble être totalement sans danger si elle est utilisée correctement. Elle n’est dangereuse que si vous la buviez pure. Le DDT, en revanche, peut provoquer des dégâts^[1] même avec des quantités infimes.

Une étude de 2018 lie les pesticides à environ 300 000 décè^[2]s par an. Elle identifie un large éventail de problèmes de santé potentiels qui pourraient survenir à cause de l’exposition aux pesticides, comme les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, des cancers et des troubles respiratoires et reproductifs. Même s’ils ne sont pas certains de la façon dont les pesticides en général exercent ces effets négatifs, les scientifiques suggèrent que ces substances provoquent un stress oxydatif, ce qui endommage l’ADN dans les cellules humaines et perturbe ainsi l’expression des gènes.

Il s’agit là de deux exemples parmi de nombreux autres qui suggère que les pesticides puissants, souvent synthétiques, représentent un risque pour la santé humaine. De plus, les dégâts environnementaux provoqués par l’utilisation de pesticides sont énormes.

Les résidus de pesticides sur le cannabis peuvent-ils être dangereux ?

Quand des pesticides sont utilisés sur des cultures, ils ne sont pas toujours lavés. Ou, s’ils le sont, ils ne sont pas toujours lavés efficacement. En Europe, les normes sont assez bonnes et les aliments ne devraient pas poser de risque immédiat à la santé humaine. Mais dans certaines régions du monde, les fruits et légumes non-lavés peuvent s’avérer fatals.

Tout ceci soulève la question suivante : le cannabis cultivé avec des pesticides est-il dangereux ? Dans la plupart des cas, le cannabis fumé peut en effet délivrer des intrants chimiques dans les voies respiratoires et les poumons via la combustion, du moins à un certain degré. Ceci dit, l’étendue réelle du danger que cela pose pour la santé humaine n’est pas encore claire.

Il existe des recherches qui cherchent à savoir si les résidus de pesticides sur le cannabis pourraient poser un risque légitime à la santé humaine. Par exemple, une étude a cherché à savoir si les pesticides sur le cannabis pourraient provoquer un risque plus élevé de troubles neurologiques^[3] chez les consommateurs. Elle souligne que ceux qui consomment du cannabis tout en souffrant de maladies comme celles de Parkinson ou d’Alzheimer souffrent déjà de troubles neurologiques et sont donc plus exposés aux effets potentiellement négatifs de la consommation de pesticides.

D’autres études suggèrent que les pesticides pourraient à l’origine de la survenue du syndrome d'hyperémèse cannabique (SHC), un trouble rare caractérisé par des nausées et vomissements liés à la consommation chronique de cannabis. Même si le débat reste ouvert, une étude récente menée par le docteur Russo suggère^[4] que le lien est peu probable car, même si le SHC a été identifié pour la première fois en 2004, les cas n’ont pas augmenté au même rythme que l’utilisation de pesticides sur le cannabis. Il suggère plutôt une cause génétique.

Ceci étant dit, le SHC est une maladie rare qui peut être mal diagnostiquée dans de nombreux cas. Nous sommes donc bien loin d’identifier les causes et l’impact global de la maladie.

Des alternatives aux pesticides pour la culture du cannabis

Au vu des dangers potentiels de la consommation de pesticides et de leur impact environnemental connu, il pourrait être sage de choisir des alternatives plus sûres quand on fait pousser du cannabis maison.

Il existe de nombreuses alternatives aux substances chimiques toxiques que l’on peut utiliser en cultivant du cannabis. Certaines, toutefois, demandent un peu de recherches et de connaissance pour être administrées. La raison pour laquelle certains pesticides sont si populaires est qu’ils ont un champ d’action très générique et tuent pratiquement tout. Cela signifie que vous pouvez repérer et régler un problème sans avoir vraiment à l’identifier.

Certaines des méthodes alternatives présentées plus bas ne sont efficaces que contre des nuisibles et problèmes particuliers, ce qui signifie que vous devez être sélectif. Elles méritent toutefois que vous vous y intéressiez ! Dans un certain sens, toutes les options qui suivent sont des pesticides, car elles agissent pour tuer des nuisibles. Cependant, il ne s’agit pas de pesticides synthétiques classiques et elles agissent d’une manière différente de la plupart des produits du commerce.

• Éliminer à la main

Ça pourrait vous paraître laborieux, mais ça peut en fait être la solution la plus facile et la plus efficace, selon le nuisible dont il s’agit. Si vous avez une infestation à grande échelle d’araignées rouges, les éliminer à la main n’est pas possible. Il vous faut une approche plus radicale. Si, en revanche, vous repérez une grappe unique d’œufs sur une feuille, retirer la feuille pourrait suffire à éviter une infestation.

Si vous choisissez cette méthode, revenez régulièrement vérifier vos plants – surtout sous les feuilles – pour vous assurer d’avoir éliminé tout le problème !

• Alcool

Une solution à l’alcool est un traitement efficace contre les nuisibles, en particulier les insectes. C’est facile à préparer et à utiliser et ça devrait résoudre le problème très rapidement. Utilisez de l’éthanol ou de l’alcool ménager et mélangez environ 9 parties d’eau pour 1 partie d’alcool et pulvérisez directement sur les nuisibles. Plus vous préparez une solution forte, plus elle sera efficace. Attention à ne jamais pulvériser sur des têtes matures ou en développement !

• Coccinelles

Les coccinelles sont de féroces prédateurs qui chasseront de nombreux insectes pouvant endommager votre culture de cannabis. Vous pouvez soit les attirer dans votre jardin, soit en acheter en jardinerie. Libérez-les le matin ou en soirée, quand il fait frais, et elles devraient se mettre immédiatement au travail.

• Terre de diatomée

Composée de poussière fossile, la terre de diatomée est incroyablement pointue au niveau moléculaire est peut en réalité endommager le corps des insectes et des nuisibles. Pour l’utiliser, étalez-en autour de la base de vos plants et sur vos plants eux-mêmes quand ils sont en phase végétative. N’en mettez pas sur le cannabis en floraison, car il ne faut pas en mettre sur les têtes – vous pourriez sinon en inhaler, ce qui n’est pas une bonne chose !

Note : utilisez un masque sur le visage quand vous appliquez la terre de diatomée pour éviter d’en inspirer.

• Huile de margousier

Comme mentionné précédemment, l’huile de margousier est un pesticide naturel efficace qui ne présente que peu de risques pour la santé humaine et l’environnement plus large. Facile à trouver en ligne ou en jardinerie, il suffit d’en pulvériser sur un plant infesté – pas sur les têtes – et d’admirer le travail. L’huile de margousier fonctionne bien comme mesure prophylactique et comme solution face à une infestation déjà existante.

• Pièges collants

Vous avez probablement déjà rencontré des pièges collants. Il s’agit de bandes adhésives qui attirent tout un éventail d’insectes, qui se retrouvent alors collés dessus et qui finissent par mourir. Cruel, c’est sûr, mais efficace. De plus, en été, ils peuvent aider à minimiser le nombre de mouches, ce qui permet en plus d’éviter leur bourdonnement !

• Couverts et serres

Placer vos plants dans une serre permet de profiter de tous les avantages de la culture en extérieur tout en offrant un plus grand contrôle environnemental. Bien sûr, une serre n’évite pas la survenue d’une infestation, mais elle en minimise les risques.

• Ail

L’ail agit comme un pesticide naturel et c’est un bon moyen de se débarrasser des insectes indésirables et des infestations. Pour préparer une pulvérisation d’ail, vous devez vous procurer un extrait d’ail, facilement disponible en magasin. Vous pouvez sinon en préparer en mixant 4–5 gousses d’ail avec un peu d’eau et quelques gouttes de liquide vaisselle. Ensuite, filtrez le « jus » à travers un filtre à café ou une toile à fromage. Ajoutez ce mélange à environ 500 ml d’eau et utilisez un flacon pulvérisateur pour en pulvériser sur vos plants.

• Curcuma

Nouvelle méthode pour éliminer les nuisibles des plants de cannabis, le curcuma peut être bon pour tuer les infestations bactériennes. Pour préparer une solution de curcuma, mélangez 15 grammes de poudre de curcuma avec 1,5 litres d’eau et 1,5 grammes de bicarbonate de soude. Si vous voulez plutôt vous attaquer à des insectes, remplacez le bicarbonate de soude par de l’huile de moutarde et vous devriez empêcher les insectes de se reproduire.

Cannabis et pesticides : pensez à laver les têtes

Comme vous pouvez le voir, certains pesticides sont très dangereux et il faut éviter de les consommer. Il est peu probable que vous les utilisiez pour cultiver du cannabis chez vous, mais il reste utile de connaître les risques.

Peu importe si vous avez utilisé ou non des pesticides en faisant pousser de l’herbe, vous pourriez essayer de laver vos têtes après la récolte, avant le séchage. Cette pratique peu connue aide à extraire non seulement les pesticides, mais aussi la poussière ordinaire et les résidus qui se collent sur ces têtes si collantes.

Utiliser des pratiques de culture sans pesticides est une bonne chose pour vous et pour l’environnement qui vous vaudra une cargaison de délicieuse herbe non-contaminée à l’heure de la récolte.