.
Qu’est-ce qu’un effet de contact avec l’herbe ?
Avez-vous déjà expérimenté un effet de contact ? Vous êtes en train de discuter avec un ami qui fume et vos paupières deviennent lourdes alors que votre esprit se met à planer. L’effet de contact est tout à fait possible quand on est à proximité de fumeurs. Regardons de plus près ces effets de contact.
Sommaire:
Vous est-il déjà arrivé de vous sentir planer sans avoir touché à un joint, un bang ou un blunt ? Vous avez peut-être fait l’expérience d’un effet de contact. Parfois les consommateurs de cannabis recherchent activement cette expérience. En effet, être assis dans une voiture fermée ou une salle de bain alors que les personnes autour fument augmente les chances de planer avec la fumée passive. Parfois, vous pourriez vous sentir légèrement élevé sans avoir l’intention de planer du tout : c’est votre ami assis à l’autre bout de la pièce, un blunt à la main, qui pourrait générer assez de fumer pour orienter votre système endocannabinoïde dans la bonne (ou mauvaise) direction.
Malgré le fait que certains jurent qu’ils planent lorsqu’ils sont à proximité de quelqu’un qui fume, d’autres remettent en question la validité de l’effet de contact. Ceux qui doutent mettent en avant le phénomène du spectateur trop impliqué, ou bien l’effet placebo. Donc, est-il possible de planer avec une exposition indirecte au cannabis ? Nous allons plonger dans le mécanisme d’un effet de contact et nous intéresser à quelques études qui mettent en lumière la possibilité.
Qu’est-ce qu’un effet de contact et quelle est cette sensation ?
Le terme « effet de contact » possède deux significations différentes. Dans un premier contexte, il décrit le phénomène d’une personne qui ressent les effets psychoactifs d’une substance sans la consommer directement, comme le fait d’inhaler de la fumée passive du cannabis. La seconde signification, bien plus obscure, fait référence à une personne qui ressent un effet psychoactif par le simple fait d’être en présence de quelqu’un étant sous les effets d’une substance stupéfiante.
La première signification semble de prime abord avoir plus de sens d’un point de vue scientifique et certains affirment ressentir ce type d’effet de contact en étant assis dans un aquarium. Que ce soit intentionnel ou non, inspirer de la fumée ambiante sur une période de temps prolongée, en particulier en l’absence de ventilation, peut donner l’impression d’avoir fumé du cannabis, même si la personne n’a fait que respirer l’air environnant. Bien entendu, le niveau de THC inhalé par la personne qui ne fume pas est significativement plus faible que celui des personnes qui fument directement.
Le second type d’effet de contact est bien plus remis en question que le premier. Cependant, il pourrait avoir des bases scientifiques. Un article[1] publié dans l’International Journal of the Addictions en 1971 présente un glossaire composé de termes utilisés par les consommateurs de substances à l’époque. Le terme « trip psychogénique » existe dans cette liste et il décrit le fait de planer grâce à sa grande proximité avec une autre personne sous l’influence d’une substance psychoactive.
Un éventail de facteurs contribue probablement à cette expérience étrange, comme le cadre physique et social et l’effet placebo. Le célèbre chimiste médical américain Alexander Shulgin mentionne ce phénomène dans son livre PiHKAL dans ses écrits sur la substance psychédélique phénéthylamine 2C-I. Il présente une anecdote dans laquelle une personne avait consommé un placebo alors que les autres personnes autour avaient consommé la substance. La personne en question a déclaré[2] qu’elle avait « absorbé l’ambiance de ceux qui avaient vraiment consommé la matière ».
Bien qu’intéressant, ce rapport ne peut pas servir de preuve. Un article de 2020[3] publié dans la revue Psychopharmacology apporte une vision plus scientifique. Ces travaux documentent une étude dans laquelle les participants ayant reçu un placebo en remplacement de la psilocybine (l’ingrédient actif des champignons magiques) ont ressenti des degrés divers d’effets psychoactifs allant d’aucun changement à des effets associés aux doses modérées et élevées de la substance. Les auteurs ont conclu que le contexte et les attentes peuvent déclencher des effets de type psychédélique. Même si les effets de contact sont censés être produits sans ingérer de placebo, ces facteurs pourraient jouer un rôle dans l’expérience.
Les effets de contact sont-ils réels ?
L’effet du cannabis dû à la fumée passive est absolument un phénomène qui existe véritablement. Mais qu’en est-il du second type « psychogénique » ? Il semble peu probable, mais de nombreuses variables pourraient en faire une possibilité. Des études comparant des substances psychédéliques à des doses de placebo ont découvert des résultats intéressants. Cependant, un véritable effet de contact dans ce contexte fait référence à une expérience qui survient sans rien consommer du tout, pas même un placebo. Il nous faut donc attendre que des études évaluent ce phénomène pour déterminer quelle est la fréquence et la puissance de ces expériences. Jusqu’ici, nous n’avons que des expériences anecdotiques comme référence.
Peut-on planer avec de la fumée d’herbe passive ?
Absolument. Pensez-y : quand vous êtes assis dans un aquarium, vous fumez vraiment de l’herbe, seulement de manière indirecte. Bien sûr, vous n’absorbez pas la même quantité de THC par comparaison avec quelqu’un qui tire sur un joint, mais vous inhalez tout de même du THC dans la pièce. Si vous restez assez longtemps dans un aquarium, vous allez commencer à ressentir un effet modéré qui monte. Vous n’avez même pas besoin de rester dans un aquarium pour ressentir ces effets. Si vous restez assis suffisamment près d’un groupe de gros fumeurs dans une pièce ordinaire, vous allez également inhaler des quantités de THC faibles, mais notables au fil du temps. Mais ne nous croyez pas sur parole. Étonnamment, des chercheurs ont créé des simulations d’aquarium pour tester cette hypothèse.
Une étude[4] de la John Hopkins University School of Medicine a placé deux groupes de volontaires dans une pièce. Un groupe était composé de sept personnes fumant du cannabis au moins deux fois par semaine et l’autre était composé de douze sujets n’ayant pas fumé au cours des six mois. Les membres du groupe des fumeurs ont reçu des joints et ont fumé dans l’espace clos avec et sans ventilation. Après avoir réalisé des tests sanguins, urinaires, salivaires et capillaires, les chercheurs ont trouvé des marqueurs de l’exposition au THC dans le sang et l’urine des non-fumeurs qu’il y ait eu ou non de la ventilation.
Une autre étude[5] a testé des participants dans des conditions plus réelles dans un coffeeshop à Maastricht aux Pays-Bas. Les chercheurs ont envoyé huit volontaires en bonne santé dans l’établissement pour être exposés à la fumée d’herbe sur une période de trois heures. Leurs échantillons de sang et d’urine ont présenté des marqueurs de l’exposition au THC.
Peut-on planer en sentant de l’herbe ?
Non, on ne peut pas planer juste en reniflant des têtes de cannabis. Tout d’abord, les cannabinoïdes ne se volatilisent pas à température ambiante. Ensuite, dans les fleurs brutes, le THC existe sous forme de THCA, qui est une molécule non psychotrope.
Cependant, juste parce que vous n’allez pas planer n’implique pas que le fait de sentir de l’herbe ne peut pas influer sur votre humeur. Les terpènes aromatiques sont à l’origine de l’odeur spécifique de l’herbe. Ces molécules sont présentes partout dans le royaume végétal et sont particulièrement concentrées dans les têtes de cannabis. De nombreuses études ont cherché à déterminer comment elles influencent le corps et l’esprit humain et il se trouve que même de petites concentrations peuvent impacter la cognition humaine. Même si les quantités pénétrant dans votre système en sentant des têtes ne feront probablement pas grand-chose, le fait de marcher dans une forêt de conifères et d’exposer votre système à des niveaux élevés de pinène a des effets[6] intéressants.
Combien de temps le THC d’un effet de contact reste dans l’organisme ?
Tout dépend des circonstances. S’enfermer dans un aquarium avec vos amis fumeurs entraînera des niveaux de THC dans votre organisme plus élevés que si vous étiez assis à l’autre bout d’une pièce aérée en compagnie d’un fumeur.
Les fumeurs de cannabis occasionnels peuvent s’attendre à voir le THC et ses métabolites persister dans leur sang, urine et salive jusqu’à trois jours. Cependant, la plupart du THC qu’un fumeur inhale pénètre dans sa circulation sanguine et seules des quantités minimes sont expirées dans l’air. La fumée passive n’apportera que des quantités minimales de ce cannabinoïde à votre système.
L’étude dans le coffeeshop mentionnée plus haut montre que le THC avait disparu du sang en six heures et le métabolite THC-COOH en 14 heures. Aucun des échantillons d’urine n’a produit de concentrations en THC ou THC-COOH au-dessus du seuil de détection de 25 ng/ml.
En bref : ne vous approchez pas de vos amis fumeurs si vous avez un test de dépistage prévu. Votre corps éliminera probablement le cannabinoïde en une journée, mais vous n’avez pas toujours le contrôle sur le moment et les modalités de votre exposition au THC si vos amis ont une forte affinité pour l’herbe.
Faut-il s’inquiéter d’un effet planant passif ?
Tout dépend. Si vous êtes un consommateur de cannabis régulier ou qu’un effet passif occasionnel ne vous dérange pas, vous n’avez rien à craindre. Si vous êtes plus soucieux de votre santé et que vous n’aimez pas respirer de la fumée, vous devriez savoir qu’il y a dans l’air autour de vous non seulement du THC, mais que la fumée du cannabis contient également des cancérigènes et d’autres toxines. Enfin, vous devriez éviter à tout prix toute exposition passive au THC à l’approche d’un test de dépistage ou si vous pouvez subir des tests de dépistage aléatoires dans le cadre de votre travail. De plus, si vous avez un événement important, comme une réunion ou une présentation à faire dans la journée, vous ne voudriez probablement pas vous y présenter avec un état de conscience subtilement, mais notablement altéré.
- The Vocabulary of the Drug User and Alcoholic: A Glossary https://www.tandfonline.com
- 2,5-DIMETHOXY-4-IODOPHENETHYLAMINE https://www.erowid.org
- Tripping on nothing: placebo psychedelics and contextual factors https://link.springer.com
- 'Extreme' exposure to secondhand cannabis smoke causes mild intoxication https://www.eurekalert.org
- Concentrations of delta9-tetrahydrocannabinol and 11-nor-9-carboxytetrahydrocannabinol in blood and urine after passive exposure to Cannabis smoke in a coffee shop https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
- Terpenes from Forests and Human Health https://www.ncbi.nlm.nih.gov